Paroles de Sri Ma Ananda Mayi

Sri Ma Ananda Mayi est un avatar de la Déesse Durga, cela veut dire qu’elle n’a eut qu’une seule incarnation sur Terre. La première fois qu’elle m’a visité, je parlais avec trois saints qui étaient des cinéastes durant leur vie, quand soudain j’ai senti un être d’un niveau très élevé s’approcher. J’ai versé des larmes et je me suis incliné. Elle s’est approchée, telle une intense boule de lumière, et a pris ma main, et la Déesse m’a dit : c’est Sri Ma Ananda Mayi, c’est la Déesse.

Depuis ce jour, je sens une puissante connexion avec Sri Ma, et à chaque fois que je me plonge dans ses enseignements, je redécouvre sa proximité avec Laodicée, dont elle était un précurseur en Inde et pour l’hindouisme. Elle est l’une des saintes les plus proches de la Déesse dans les Cieux de l’Inde et est reconnue pour dispenser des grâces à des êtres humains au Nom de la Déesse, notamment auprès des femmes. Vous pouvez la prier sans hésiter, certaines fois, on peut sentir une odeur sublime, comme avec la petite Thérèse, c’est la marque des grandes saintes.

Ci-dessous, j’ai compilé des enseignements d’elle qui avaient lieu dans des questions-réponses avec les nombreux visiteurs qui lui rendaient visite à son ashram. J’ai privilégié les sujets ayant trait à l’Un et à Dieu.

Quelle que soit la direction vers laquelle vous tournez votre regard, vous trouverez Un Être Éternel Indivisible manifesté. Pourtant, il n’est pas du tout facile de détecter cette Présence, parce qu’Elle interpénètre tout. De même qu’un Roi est connu par sa majesté, de même que le feu est connu par sa chaleur, de même le Non-Manifesté se révèle à travers le monde de la manifestation. L’analyse de la substance de toutes les choses créées, si elle est poussée suffisamment loin, conduira à la découverte que ce qui reste est identique et également présent dans toutes les créatures : c’est Lui, c’est Cela (That), que l’on appelle la Pure Conscience. (…) En tant que tel, Il est l’Essence de la Vérité Absolue.

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Bithika Mukerji : Mâ, comment peut-on expliquer la personnification de l’Etre Suprême en tant que Dieu ? 

 : Quoi que l’on puisse dire, Personnel, Impersonnel – Le Seigneur est Lui-même tel qu’Il est. 
Il est la réalité absolue, omniprésente dans l’univers, autant que demeurant au plus profond de l’être (antaryâmin). 
Il est au-delà de toute compréhension, et en même temps, Il est le Soi intérieur en chacun, n’est-ce pas ? 
Lui seul est (qu’on le considère comme inconnu, ou à connaître) 
Celui qui est sans nom, sans forme. Cependant, tous les Noms sont Siens, Il est présent partout et universellement manifesté. 
Où n’est-il pas ? Quand on touche la main de quelqu’un, il dit : « Ceci est moi ». Même ses vêtements indiquent sa présence.

Toutes les religions reconnaissent Sa présence, elles prennent leur source en lui. Comment saisir cette immensité ? 
Prenons l’exemple d’une personne seule dans le tourbillon des relations (irradiant de lui) : il est le père, le fils, le mari, le frère, etc. 
Il en est ainsi dans toutes les religions. Ce sont toutes des relations intimes et chacune est unique en elle-même.

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Question : La grâce de Dieu est-elle nécessaire pour pouvoir commencer les pratiques spirituelles, ou est-ce que cette grâce est obtenue par ces pratiques ? 
A quel moment la grâce de Dieu intervient-elle dans la sadhana?

 : La grâce de Dieu se déverse en permanence sur vous. 
L’esprit est comme un pot. Si son ouverture est tournée vers le haut, la pluie de la grâce peut l’inonder. 
Mais, si son ouverture est tournée vers le bas, le pot ne peut rien recueillir. 
Le seul effort qui soit à faire, c’est de tourner l’ouverture de l’esprit dans le bon sens pour que la grâce omniprésente de Dieu puisse s’y déverser. 
Cette grâce a été, est et sera toujours. Il n’y a jamais d’interruption dans le flot de la grâce divine. 
Avoir foi en Dieu, le prier et s’abandonner à lui, voilà l’effort qui est à faire pour vous ouvrir et recevoir sa grâce toujours présente. 
Quand vous faites cela, il arrive un moment où vous n’êtes plus capable de savoir si vous recevez ou non la grâce car vous êtes immergé en elle. 
Vous réalisez alors que tout ce qui est n’est rien d’autre que la grâce de Dieu. 
Vous devez cultiver cette attitude d’ouverture à la grâce et toujours vous rappeler sa nécessité. 
Alors, naturellement, vous serez en permanence en cette grâce.

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Panikkar : Quand il n’y a que le Un seulement, pourquoi y a-t-il tant de religions différentes dans le monde ? 
Qu’avez-vous à dire à propos de ceux qui insistent que seulement une religion est la bonne ?

 : Parce qu’Il est infini, il y a une infinité de conceptions de Lui, et une infinité de variété de chemins qui mènent à Lui. 
Il est tout, quelque soit le type de croyances ou d’incroyances comme dans le cas des athées. 
La croyance dans l’incroyance est aussi une croyance. Cela signifie que vous acceptez la croyance quand vous ne croyez pas. 
Il est dans toutes les formes et il est le Sans forme.

Panikkar : De ce que vous avez dit je déduis que vous considérez que le Sans forme (Nirguna) est plus proche de la Vérité que Dieu avec forme (Saguna) ?

 : Est-ce que la glace est autre chose que de l’eau ? Sagunaest autant Lui que nirguna
Dire qu’il y a seulement un Atma et que toutes les formes sont des illusions impliquerait que le Sans-forme est plus proche de la vérité que la forme ; mais je dis que chaque forme et le Sans-forme également sont Lui et Lui seul.

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Shri Mâ dit :

“Les formes des dieux et des déesses sont aussi réelles que votre corps et le mien. 
On peut les percevoir en s’ouvrant à la vision intérieure par la pureté, Ia vénération et l’amour.”

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(à la suite d’un échange sur la relation entre l’ego et le Soi)

Question : Je veux vous poser une question, Mâ.

 : Non, non, je connais votre question, je vais la poser moi-même. Vous voulez poser la question de la dualité (dvaïta) et de la non-dualité (advaïta).
Voici ma réponse : la position dualiste est acceptée du point de vue du disciple, mais du point de vue du but, c’est la non-dualité qui est vraie.

Swami Prakashânanda : Mâ a expliqué le paradoxe des rapports entre le point de vue dualiste et le point de vue non-dualiste. La position du disciple, au début, est forcément dualiste et c’est pour cela que, bien que nous soyons non-dualistes, nous assumons la position dualiste pour aider ceux qui commencent une ascèse.

 : Quand on commence la sadhana, on dit : “Voici Krishna” ou “Voici Rama” ou “Voici le Seigneur”, etc.
Mais après avoir réalisé la vraie nature de Krishna ou de Rama ou du Seigneur, on dit : “Tout est Krishna” ou “Tout est Rama” ou “Tout est le Seigneur”.

Cela étant, où est alors la différence entre le point de vue dualiste et le point de vue non-dualiste ? 
Le Dieu qui a formes et qualités et qui, au départ, est ressenti par le sadhaka comme un autre que lui, ce même Dieu est ensuite réalisé comme étant la totalité de l’existence, le Brahman omniprésent. 
Quand le sadhaka réalise cela, il se fond en Brahman. Alors ce qui était dévotion ou amour de Dieu est transcendé. 
Il n’y a plus ni dévotion ni absence de dévotion, car il n’y a plus de différence entre Dieu et son adorateur.

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Question : On demande aux gens d’adorer Dieu, de chanter Ses louanges dans des hymnes, de faire des puja, de répéter constamment Son nom, et ils font tout cela sans savoir ce qu’est Dieu. Pouvez-vous nous expliquer ?

Réponse : Dieu est omniscient et on ne peut connaître sa véritable nature avant d’avoir atteint la réalisation de Soi. 
On découvrira alors qu’Il n’est autre que soi-même, le seul Atman, le seul Soi qui existe, et qu’Il est avec une forme comme le monde et sans forme comme Chit, la pure conscience. 
En attendant, les prières, l’adoration et la méditation doivent être effectuées.

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Question : Nous vous entendons souvent dire : “Pensez à Dieu.”
Mais Dieu est sûrement impensable et sans forme.
Ce à quoi on peut penser doit avoir un nom et une forme et ne peut donc pas être Dieu.

Réponse : Oui, sans aucun doute, Il est au-delà de la pensée, de la forme et de la description, et pourtant je dis : “Pensez à Lui !”

Pourquoi ?

Parce que vous êtes identifié à l’ego, parce que vous pensez être celui qui agit, parce que vous dites : “Je peux faire ceci et cela”, et puisque vous vous mettez en colère, que vous êtes avide, et ainsi de suite, vous devez donc appliquer votre “moi” à la pensée de Lui.

Il est vrai qu’Il est sans forme, sans nom, immuable, insondable.

Pourtant, Il est venu à vous sous la forme du Son éternel ou de la descente de Dieu sous la forme du Verbe, ou sous la forme d’un Avatar. 
Ceux-ci aussi sont Lui-même et par conséquent, si vous vous en tenez à Son nom et contemplez Sa forme, le voile qui est votre “moi” s’usera et alors, Lui, qui est au-delà de la forme et de la pensée, sera…

Vous pensez que vous vous engagez dans la sadhana, mais en réalité c’est Lui qui fait tout, sans Lui rien ne peut être fait. 
Et si vous vous imaginez que vous recevez en fonction de ce que vous faites, ce n’est pas correct non plus, car Dieu n’est pas un marchand, avec Lui il n’y a pas de marchandage.


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Un jour, Shrî Mâ dit en riant : 

” Quand vous chantez. les noms divins ou les mantra, votre esprit est progressivement purifié ; 
I`amour et la vénération pour l’Etre suprême est éveillé et vos pensées deviennent pures et subtiles. 
Alors vous vous mettez à avoir des aperçus de plans supérieurs d’existence et à travailler pour votre progrès spirituel.”

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Voici enfin le film court réalisé par Arnaud Desjardins du vivant de Sri Ma :